Accueil Société Crise de l’emploi en Tunisie: A la recherche de solutions 

Crise de l’emploi en Tunisie: A la recherche de solutions 

Des mécanismes d’incitation à la vie professionnelle et bien d’autres mesures urgentes au profit des sans-emploi ont été proposés, mais sont restés sans issue.

Le débat instauré, à maintes reprises, sur un chômage endémique, les pistes de solution et les recommandations qui en découlaient n’a pas été suivi d’effet. Et jusqu’à nos jours, on a du mal à gérer ce dossier si brûlant. Il est vrai que cela dépend, selon les économistes, de plusieurs facteurs inhérents à l’investissement, au faible taux de croissance, mais aussi au déséquilibre flagrant entre l’offre et la demande de travail. Cela dit, il n’existe même pas une politique active d’emploi si lucide et prospective.

Paradoxal !

Il y a si bien longtemps qu’on parlait de l’emploi comme priorité nationale, voire un souci majeur de toutes les politiques actives de l’Etat. Au-delà de la fonction publique, il y avait aussi autant des mécanismes d’incitation à la vie professionnelle et bien d’autres mesures urgentes aux sans emplois. Toutes ces idées sont restées figées et n’ont rien à voir avec la réalité. A titre d’exemple, l’autofinancement que l’on doit, préalablement, fournir pour obtenir un prêt bancaire visant la création de son propre projet, n’a été qu’un élément de blocage. Et les différentes stratégies de promotion d‘emploi, décidées au profit des jeunes demandeurs, ont eu l’effet d’un pétard mouillé. Paradoxalement, le marché du travail s’affiche toujours saturé. D’autant plus que l’université tunisienne ne répond guère aux besoins du marché. Pour qui sonne le glas ?

Face au climat d’insécurité post-révolution, rappelle-t-on, on avait, alors, assisté à des fermetures d’entreprises en série. Sous l’effet des multiples protestations sociales, certaines firmes, longtemps basées sous nos cieux, ont fini par déclarer faillite, mettant un nombre important d’employés au chômage technique. A la longue, ce chômage demeure chronique. Et puis, un fardeau de trop. Et jusqu’ici, aucun gouvernement n’a pris les choses en main. Et les chiffres sont têtus : plus de 700 mille chômeurs du total de la population active. Avec un taux  de chômage constamment en hausse, dépassant actuellement 18%. Ceci étant, tout bonnement, la conséquence d’une crise économique qui s’enlise de plus en plus. L’emploi, bien qu’il soit une priorité nationale, n’a jamais été un vrai souci politique. Ce n’est, en fait, qu’un dossier relégué au second plan. Voire un carton électoraliste à servir pour jouer sur la corde sensible. Il y a de quoi donner du grain à moudre. L’objectif est de mettre en place une stratégie d’emploi réaliste.

La mère des batailles !

Faute de quoi, tout débat sur l’emploi ne pourrait aboutir à rien. Cela fait longtemps qu’on l’avait traité, en tant que priorité absolue. Dans le cours du temps qui passe, on a fait de la lutte contre le chômage la mère de toutes les batailles. Toutefois, aucune solution radicale ne lui a été trouvée. On n’est pas sorti de l’auberge! Chaque année, le nombre de postulants s’accroît de plus en plus. La crise sanitaire causée par le coronavirus n’a pas manqué d’aggraver la situation. D’ailleurs, cela devient un problème universel ayant touché toute l’humanité. «Outre les pertes tragiques en vies humaines et les dommages à la santé et aux collectivités qu’elle a causés, la pandémie a eu des conséquences dévastatrices sur le monde du travail», note l’Organisation mondiale du travail (OIT), dont la Tunisie est un Etat membre. Son impact sur le monde du travail n’est plus à démontrer. Statistiques de l’OIT à l’appui, « 220 millions de personnes au chômage dans le monde en 2020, soit une augmentation de 33 millions par rapport à 2019, avec 8,8 % du total des heures de travail perdues. L’on enregistre, également, 5% de baisse de l’emploi des femmes contre 3,9% chez les hommes l’année écoulée ».

Cet état des lieux avait eu des répercussions dont notamment la hausse du chômage, la faillite de certaines PME, des perturbations au niveau des systèmes de production et bien d’autres pertes considérables. A notre échelle, il est temps de procéder à des révisions, à même de relancer un nouveau débat sur l’emploi. Tout le reste n’est qu’un bluff politique ! Toujours est-il que la bonne volonté aura à faire bouger les lignes. Cependant, nul ne possède une baguette magique pour désamorcer la crise. Le «miracle tunisien», qu’on avait, toujours, vanté à outrance est dénué de toute vérité. Dérisoire de croire encore à l’Etat-Providence. Son rôle s’est réduit à gérer ses fonds de gestion et coordonner un partenariat public-privé. D’ailleurs, il n’est plus en mesure de satisfaire toutes les demandes additionnelles d’emploi. On cite, entre autres, les emplois précaires, les travailleurs peu rémunérés et peu qualifiés, les migrants, ainsi que les handicapés.

Qu’en est-il de l’initiative privée ?

La balle est dans le camp des privés qui devraient s’engager à investir plus dans des projets à forte employabilité. Emploi-développement, l’équation est d’autant plus complexe qu’elle incarne le défi de la croissance. Cela veut dire, sans détours, qu’un point de plus dans le PIB est l’équivalent d’environ 20 mille postes d’emploi à pourvoir. Ceci dépend de cela. Soit, d’après les experts, quelque 100 mille emplois exigent, en moyenne, un taux de croissance égal à 5%. Parlons-en ainsi, plus de 700 mille chômeurs déjà recensés par l’INS est un chiffre de trop. De ce fait, la mentalité d’assisté devrait également changer. Un emploi à la merci de la fonction publique le doit aussi. Le compter-sur-soi, avec le soutien de l’Etat et d’autres mécanismes d’appoint, serait bel et bien une solution. Cela trouve sa justification dans le Pacte social tripartite, signé le 14 janvier 2013, entre le gouvernement, d’une part, l’Ugtt et l’Utica, de l’autre. Cela dit, l’emploi décent était mis en avant, en tant qu’attribut social, mais aussi un droit acquis. Et constitutionnellement garanti. 

C’est que l’école tunisienne, jadis un véritable ascenseur social, demeure une fabrique de chômeurs. De même, l’appareil productif s’est trouvé dans l’incapacité de générer davantage d’emplois. Et encore moins d’opportunités d’intégration dans le marché du travail. Une sorte de système machiavélique hostile à l’esprit solidaire. Et là, l’économie solidaire et sociale semble avoir un apport considérable en matière de développement.

Tendance économique nouvelle, elle n’en représente que moins de 1%, selon les statistiques de l’Ugtt. A ce niveau, certains acteurs de la société civile ont souligné que «la réflexion sur un modèle de développement alternatif ne doit pas se passer de l’épargne et de l’économie solidaire et sociale». Leur impact sur la généralisation de postes d’emploi et la promotion des régions les plus démunies n’est plus à démontrer. De même, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux a défendu ce choix. Mais, pour lui, le gouvernement doit prendre son courage à deux mains et en finir avec l’emploi précaire. Les ouvriers des chantiers en ont trop souffert. L’essentiel consiste à apporter des solutions concrètes au problème du chômage, à travers une vision qui soit claire et lucide.

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